UnHiverSale
il
commence (incipit)
Un mystère ici
ne se dénoue pas, dans lequel on pénétrerait au cours d’une longue progression
initiatique.
Aucune barrière n’est à franchir, aucun interdit à transgresser. Ce qui
se dénoue est donné dénoué
d’emblée, le mystère est d’ouvrir l’ouvert : un champ fraîchement retourné
où la jeune terre se montre à vif ;
un sillage d’écume blanche sur la crête des flots ; la neige tombant sur
la neige déjà au sol (la seconde
renforce et nourrit la première, mais combien plus fragile et rendant
fragile d ‘autant plus, aussi, la
première).
Au moment même où le mystère se dissipe, le mystère se produit : évidence
entretenue constante par
l’inattention à le retenir. Ainsi la merveille s’est distraite d’elle
même, extérieure, et ne recèle rien que le
rien de la merveille.
« Ailleurs » est « ouvrir », et l’ouverture encore n’est pas même une
exacerbation de l’ouverture, mais
banalité et blancheur.
Pour jouir sans y prendre prise de la jeune terre à vif, le regard contemple
le champ à côté du champ ;
l’écume blanche de la crête est distraite des flots ; la seconde neige
de la première.
DanielKlebaner
in L’art du peu
Partir du déséquilibre,
fondateur du mouvement,
formuler un espace micro-sociétal,
et s’en faire pour un temps les habitants,
où respecter infiniment les processus naturels (sons, lumières…), soit
l’ingérable.
S’y inscrire pourtant résolument, et accompagner le transport,
chercher une autre existence pour nos sens brutalisés par l’habitude.
Penser : la danse serait ce travail de l’intervalle, dans l’intervalle,
ici entre mission et fiction,
un voyage sans fin, il ira
toujours seulement d’un point à un autre, peut être un simple déplacement,
un décalage.
Un leurre ?
Des appuis : L’heure où nous ne savions rien l’un de l’autre, ce
texte théâtral sans paroles de Peter
Handke, composé seulement de didascalies, et qui décrit les apparitions
et disparitions d’une série de
personnages, des passants, des errants, des étrangers...
Les écrits, aussi, du poète portugais Fernando Pessoa, de ses multiples,
« hétéronymes » par lesquels il
cherche a atteindre, ou se rapprocher de ce qu’il ne sait pas être.
Alors, fabriquer une géographie et des personnages aux contours toujours
redéfinis.
Raconter des histoires,
mais aucune trame narrative ne saura finalement être extraite de ce qui
sera advenu.
Seulement,
dehors, écouter le passage du jour à la nuit,
travailler à hypertrophier les perceptions ondulatoires du temps et de
l’espace,
voir tout, puis seulement ce qui sera montré,
et le ciel étoilé.
Un espace aura été foulé,
resteront, des traces.
Un temps.
Matthieu
Doze, août 2000
présences
Les personnes associées
à ce projet le sont évidemment au titre de leur pratique.
Mais ce qui les rend plus indispensables encore à nos yeux est leur présence
(ce qui n’a d’évidence que dans le fait d’être énoncé).
Le travail sur la présence sera ainsi le préalable à toute chose,
à la plus petite action, à la moindre idée.
Le premier geste, la danse.
Ces présences « passagères
» seront celles de :
Thierry Foglizzo
(Paris),
astrophysicien
Frédérick Landier
dit rubin steiner (Tours),
musicien
Vincent Alaphilippe
dit boulez republic (Paris),
informaticien
François Pirault (Paris),
cinéaste
Sylvestre Perrusson
(Tours),
musicien
Evelyne et Jacques
Péré (Tours),
architectes
Nicolas Guellier (Tours),
créateur lumières, directeur technique
Annabelle Pulcini
(Paris),
danseuse
Marc Albert (Paris),
danseur
Cédric Courtois (Paris),
danseur
Matthieu Doze (Tours),
danseur
mobiles
Cette performance,
en préfiguration depuis deux ans, est un travail de position face à l’infalsifiable.
Textes, mouvements, images, musiques, sons, lumière, constructions…il
s’agit d’un travail en collaboration.
Dans un espace ouvert, se saisir de l’idée d’infini pour travailler à
des modes de perceptions inhabituels.
Pour jouer des effets de perspective, le public sera disposé à une place
assignée, frontalement à l’espace de jeu.
Va s’opérer, au long du temps de performance, la construction perpétuelle
d’un espace exogène,
fait de l’assemblage de matériaux issus du partage des présences et des
compétences de chacun.
C’est un travail d’écoute attentive à l’autre et à l ‘environnement, un
temps d’expérimentations, de coexistence.
Il ne peut s’agir ni d’une opposition à ce qui sera et qu’on ne sait pas
(l’autour), ni d’un plaquage d’événements.
Nous aimerions considérer ainsi chaque chose produite en terme de soustraction
à ce qui est déjà, plutôt que
comme une succession d’additions, puisqu’au fond rien d’autre que ce qui
est déjà là n’est proprement nécessaire.
Si nous assumons la coordination artistique générale du projet, chacune
des personnes invitées à intervenir
dans ce cadre portera finalement la responsabilité (liberté ?) de ses
actes au regard de l’ouvrage commun.
Le travail précédant la performance nourrira ainsi comme seul objectif
de nous rassembler autour d’un trajet,
de formuler le plus précisément possible le spectre de la forme qui n’existera
qu’au moment de la
présentation publique. Penser au plus près la manière dont nous voulons
faire intervenir et se transformer
les notions d’espace, de temps, les perceptions auditives, visuelles,
tactiles, olfactives sera
notre préoccupation commune. La durée envisagée de la performance est
de deux heures, au couchant du soleil.
site
S’il est impossible
de donner une description exacte d’un site capable d’accueillir ce projet,
quelques éléments
peuvent néanmoins être pris en compte (une visite préalable s’imposera).
Idéalement, il s’agira d’un champ
qui serait préparé (partie labourée destinée à souligner la perspective),
espace vaste tant en ouverture
qu’en profondeur, orienté est / ouest. L’horizon du spectateur devra être
libre d’obstacles afin que puissent
se découper nettement les formes engendrées au cours de la performance.
Une légère rotondité permettra
la disparition (assez rapide) au lointain (ouest). Dans le meilleur des
cas, toute trace de civilisation tant visuelle
que sonore, sera absente du paysage. Une alimentation électrique du site
devra être possible afin de
permettre le travail sonore et lumineux (groupe électrogène à exclure
en raison du bruit inévitablement
produit par ce genre d’équipement).
technique
SON
1 système complet (diffusion lointain et face)
2 enceintes 600 W (lointain)
2 enceintes solo basse (lointain)
2enceintes 600W (face) + amplis
1 console 12 entrées, 6 sorties
1 table de mixage d.j à effets (la pioneer)
2 lecteurs C.D
1 lecteur M.D
1 micro cravate h.f
1 micro
1 pied de micro
VIDEO
2 vidéo projecteurs 1200 lumens
1 touret (50m environ) cable BNC
1 moniteur de contrôle
LUMIERE
2 5000W Fresnel
5 quartz cycliodes 1000W
5 Pars CP62
1 découpe HMI
1 bloc de puissance 6 x 5kg
1 console
cablerie nécessaire à évaluer selon site
conditions
un aller / retour
pour opérer une reconnaissance du site (Matthieu Doze et Nicolas Guellier)
voyage aller / retour
pour douze personnes (calcul au départ de Tours)
l’hébergement et le
couvert pour une résidence de travail de trois jours précédents la performance
prévoir l’annonce
d’un, voire deux jours de repli (jours suivants la date fixée) pour pallier
les incertitudes météorologiques
montant du contrat
de cession : 55 000 FF HT
retour
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